Le Togo est en train de réécrire son rôle dans l’industrie automobile ouest-africaine. Historiquement un simple point d’entrée pour les véhicules d’occasion, la capitale, Lomé, est aujourd’hui le théâtre d’une industrialisation stratégique : l’assemblage local de motos électriques.
Cette initiative, fortement encouragée par les objectifs de la Feuille de Route Togo 2025, ne se contente pas de verdir les rues ; elle crée des emplois, stimule l’économie et positionne le Togo comme un véritable hub manufacturier dans la sous-région. L’élément central de ce boom ? La moto électrique, ou e-moto, destinée au secteur vital des motos-taxis (zémidjans).
1. La Naissance d’un Pôle Industriel : La Plateforme d’Adétikopé (PIA)
Le développement de l’assemblage de motos électriques au Togo est indissociable de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA). Conçue pour attirer les investissements directs étrangers (IDE) et favoriser la transformation locale, la PIA est devenue le berceau de la nouvelle mobilité togolaise.
- Acteur Clé : Spiro (ex M-Auto) : La société Spiro, un des leaders africains de la mobilité électrique, a été parmi les premières à installer une unité d’assemblage à la PIA. Lancées initialement en 2021, ces unités ont pour but d’assembler des e-motos et des triporteurs.
- Capacité et Volume : L’ambition des acteurs comme Spiro est de passer de quelques milliers de motos en circulation (environ 3 000 en 2024) à des dizaines de milliers, voire dépasser les 100 000 véhicules déployés en Afrique d’ici fin 2025. Une partie significative de cette production est gérée ou transitée par l’unité de Lomé.
- Double Objectif : L’assemblage local permet non seulement de fournir le marché togolais (où il existe une demande pour remplacer 64 % des émissions de CO2 dues aux transports), mais aussi d’exporter vers les marchés voisins, confirmant le rôle du Togo comme porte d’entrée régionale.
Conseil Pratique : L’Impact de la Production Locale sur les Pièces Détachées
L’assemblage local, même s’il dépend encore fortement de l’importation de composants (principalement de Chine), est un pas vers une meilleure disponibilité des pièces de rechange spécifiques aux e-motos. Pour les propriétaires, cela signifie que la maintenance et la réparation de leur véhicule électrique, ainsi que des systèmes d’échange de batteries, devraient devenir plus rapides et moins coûteuses à mesure que la chaîne d’approvisionnement locale se consolide.
2. Le Facteur « Zémidjan » : Un Modèle Économique Révolutionnaire
L’assemblage local n’est pas qu’une question de fierté nationale ; c’est une nécessité économique ancrée dans le modèle du Battery Swapping.
- Standardisation des Composants : Pour que l’échange de batteries fonctionne sans accroc (en moins de deux minutes), les e-motos doivent utiliser des composants standardisés, ce qui est facilité par un assemblage concentré et contrôlé. L’usine garantit ainsi l’uniformité des batteries et leur compatibilité avec le réseau de stations d’échange.
- Réduction du Coût Initial : En assemblant les motos sur place, les entreprises bénéficient des incitations fiscales du gouvernement togolais et réduisent les coûts de logistique des produits finis, rendant le prix final des e-motos plus abordable pour les zémidjans.
- Offre de Valeur : Les e-motos sont proposées avec des abonnements flexibles (souvent autour de 1 000 FCFA par jour incluant l’échange de batteries et la maintenance), ce qui offre aux conducteurs des économies importantes (jusqu’à 360 $ par an) par rapport aux motos à essence.
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3. Création d’Emplois et Transfert de Compétences
L’impact le plus direct de ces usines d’assemblage est la création d’emplois durables, un objectif clé du programme d’industrialisation du Togo :
- Emplois Qualifiés : L’assemblage de véhicules électriques nécessite des compétences techniques spécifiques, notamment en électronique et en maintenance des batteries. Cela favorise le transfert de compétences et la formation d’une main-d’œuvre locale qualifiée.
- Augmentation de l’Emploi Féminin : Les entreprises du secteur mettent l’accent sur l’inclusion, avec des objectifs de recrutement ambitieux pour les femmes (certains acteurs visent au moins 30 % d’emplois féminins), notamment dans la gestion des opérations et des stations d’échange de batteries.
- Écosystème Élargi : Au-delà de l’usine elle-même, la croissance du secteur stimule les emplois dans les services périphériques : distribution, entretien du réseau de stations, et l’économie numérique (applications de localisation des stations, gestion des abonnements).
Astuce d’Entretien : Sécurité et Fiabilité des Composants Assemblés
Les motos assemblées localement, bien que robustes, dépendent toujours de l’intégrité de la batterie. Le meilleur conseil pour l’entretien d’une e-moto reste la surveillance régulière de l’état de la batterie (grâce aux diagnostics fournis par les stations d’échange) et le respect du programme de maintenance légère recommandé par le fabricant pour les autres composants mécaniques (pneus, freins).
4. Un Futur au-Delà de l’Assemblage : Vers la Fabrication Intégrale
L’assemblage n’est qu’une première étape. La dépendance actuelle aux importations de composants (moteurs, cellules de batterie, etc.) est une limite à la création de valeur ajoutée locale. L’ambition à long terme, portée par les acteurs industriels et les pouvoirs publics, est de passer à la fabrication intégrale (surtout pour les composants plastiques et métalliques simples) dès que l’accès aux matières premières et les capacités technologiques le permettront.
Cette démarche garantirait une véritable souveraineté industrielle et renforcerait la position du Togo en tant que leader de la mobilité verte.
Le dynamisme du secteur ne se limite pas aux véhicules neufs. Le marché automobile dans son ensemble est en pleine ébullition, y compris le segment de l’occasion qui offre des solutions de transport immédiates. Pour trouver des véhicules d’occasion qui sillonnent encore majoritairement les routes togolaises, consultez auto24.tg. Que ce soit une voiture ou une moto thermique, ce marché reste un pilier. Vous pouvez aussi y trouver des véhicules importés adaptés au climat africain.
Conclusion : Lomé, un Hub de l’Innovation Africaine
L’assemblage rapide de motos électriques à Lomé, soutenu par la PIA et le modèle de Battery Swapping, est un succès retentissant. En ciblant la mobilité de masse, le Togo a trouvé la clé pour concilier impératifs environnementaux, création d’emplois et croissance économique. La capitale se transforme non seulement en un carrefour commercial, mais aussi en un centre manufacturier d’innovation qui montre la voie à toute l’Afrique de l’Ouest.
Foire Aux Questions (FAQ) sur l’Assemblage de Motos Électriques à Lomé
Q1 : Qu’est-ce qui est réellement « assemblé » au Togo, et qu’est-ce qui est importé ?
L’assemblage local est l’étape intermédiaire entre l’importation de produits finis et la fabrication intégrale.
- Importé : Les composants de haute technologie restent importés, notamment les cellules de batterie au lithium, les moteurs électriques et les contrôleurs électroniques sophistiqués.
- Assemblé : Les usines togolaises, principalement basées à la PIA, reçoivent ces pièces en kits CKD (Completely Knocked Down) ou SKD (Semi-Knocked Down). Elles effectuent l’assemblage final du châssis, l’installation des roues, des systèmes de freinage et des batteries, et réalisent les tests de qualité.
Ce processus permet d’économiser sur les frais de transport des produits finis, tout en créant de la valeur ajoutée et des emplois locaux.
Q2 : Comment l’assemblage local garantit-il la qualité et la fiabilité des e-motos ?
L’assemblage à Lomé est soumis à des normes strictes qui assurent la fiabilité, élément crucial pour les zémidjans :
- Contrôle Qualité à la Chaîne : Les usines appliquent des protocoles de contrôle qualité rigoureux à chaque étape de l’assemblage, notamment sur le câblage et l’intégration des batteries.
- Standardisation pour le Swap : Le processus d’assemblage garantit l’uniformité des motos, ce qui est indispensable pour que les batteries soient parfaitement compatibles avec toutes les stations d’échange du réseau (le cœur du modèle Spiro).
- Adaptation Locale : L’assemblage au Togo permet également d’intégrer des renforcements ou des spécifications techniques adaptées aux conditions routières et climatiques locales.
Q3 : Le prix des motos électriques assemblées localement est-il plus avantageux pour le consommateur ?
Oui, l’un des principaux avantages de l’assemblage local est la réduction du coût final pour le consommateur, grâce à :
- Incitations Fiscales : Le gouvernement togolais offre des exonérations de droits de douane sur les kits d’assemblage de VE, ce qui réduit la base imposable et, par conséquent, le prix de vente.
- Réduction des Coûts Logistiques : Il coûte moins cher de transporter des pièces détachées (CKD) que des motos entièrement montées.
- Modèle d’Abonnement : Souvent, le coût de la batterie est externalisé par le modèle d’abonnement (Battery Swap), ce qui rend le prix d’achat initial de l’e-moto nettement plus bas que celui d’une moto à essence.
Q4 : Quels sont les défis rencontrés par les usines d’assemblage de motos électriques au Togo ?
Malgré le succès, le secteur fait face à quelques défis :
- Dépendance aux Composants Étrangers : La plupart des pièces de haute technologie (moteurs, électronique) proviennent d’Asie, rendant la chaîne d’approvisionnement vulnérable aux chocs mondiaux.
- Formation de la Main-d’Œuvre : Le besoin d’une main-d’œuvre qualifiée dans les technologies des VE nécessite des investissements continus en formation technique spécialisée.
- Concurrence des Importations Non Réglementées : Le marché est toujours inondé par des motos thermiques d’occasion importées, ce qui pose un défi de compétitivité.
Q5 : L’assemblage de motos ouvre-t-il la voie à l’assemblage de voitures électriques au Togo ?
L’expérience réussie dans l’assemblage de motos est un indicateur positif pour l’avenir. Elle prouve l’existence de :
- Compétences Logistiques : Le Togo maîtrise l’importation de kits et la gestion des chaînes d’approvisionnement (grâce au Port de Lomé).
- Main-d’Œuvre Formée : Les techniciens formés sur les e-motos peuvent facilement transiter vers l’assemblage de voitures.
- Cadre Incitatif : Le gouvernement a déjà mis en place des exonérations pour les VE.
Si la demande de voitures électriques augmente et que les volumes justifient l’investissement, il est très probable que des projets d’assemblage de voitures électriques (VE) verront le jour à la PIA, renforçant le rôle du Togo comme hub automobile régional.

